Social Europe

politics, economy and employment & labour

  • Themes
    • Global cities
    • Strategic autonomy
    • War in Ukraine
    • European digital sphere
    • Recovery and resilience
  • Publications
    • Books
    • Dossiers
    • Occasional Papers
    • Research Essays
    • Brexit Paper Series
  • Podcast
  • Videos
  • Newsletter
  • Membership

La mondialisation, les télémigrants et les conditions de travail

Philippe Pochet 19th November 2021

English version

shutterstock 1670958262
No-Mad/shutterstock.com

Le risque d’une possible délocalisation des services dans le cadre de la mondialisation de l’économie n’est pas une question neuve. Déjà en 2007, l’économiste américain Alan Blinder mettait en évidence les risques de délocalisation de 46 activités aux Etats-Unis. Plus récemment, en 2019, dans un livre écrit avant la pandémie, Richard Baldwin soulignait que le télétravail et l’émergence de l’intelligence artificielle allaient rebattre les cartes. Cela aurait des implications notables et constituerait la troisième vague de mondialisation : cette fois celle des services. Il utilisait le terme de « télémigration » pour désigner les individus qui vivent dans un pays et travaillent pour une entreprise dans un autre pays.

Il faut reconnaître que dans l’ensemble les craintes ne se sont pas concrétisées, ou du moins pas dans les proportions annoncées. Dans son étude sur les professions mentionnées par Blinder, Adam Ozimek le directeur de recherche d’Upwork ne trouve pas qu’on a assisté à une externalisation (outsourcing) massive des emplois en dehors des Etats-Unis : « So far, US firms have largely responded to the improvements in internet and communications technology by hiring more remote workers in the US rather than offshoring » précise-t-il en « utilisant davantage de freelancers ». 

Analysant cette année le nombre de « télémigrants », Baldwin et Dingel ne trouvent pas (encore) d’effets significatifs en termes d’emplois ; toutefois ils n’excluent pas qu’un « changement modeste dans le commerce pourrait avoir des effets importants » (« modest change in trade could have large effects »).

Des études quantitatives laissent entrevoir une partie de la réalité mais celle-ci est me semble-t-il plus complexe à déchiffrer. Tout d’abord, on doit nécessairement tenir compte qu’une menace crédible de délocalisation (même si en réalité elle concerne que relativement peu de personnes) puisse conduire à une détérioration des conditions de travail et salariales.

Ensuite, sur la base d’une analyse temporelle et des impacts tant concernant le déplacement de l‘emploi que des changements dans les conditions de travail, on peut clairement voir se dessiner un possible scénario en trois étapes qui peuvent se superposer avec des vitesses différentes.


Become part of our Community of Thought Leaders


Get fresh perspectives delivered straight to your inbox. Sign up for our newsletter to receive thought-provoking opinion articles and expert analysis on the most pressing political, economic and social issues of our time. Join our community of engaged readers and be a part of the conversation.

Sign up here

La première étape ressemble à celle que nous connaissons déjà avec un usage du télétravail massif. Elle permet de standardiser des procédures de contrôle et d’évaluation des performances à distance pour de très nombreuses catégories de travailleurs. Cette situation s’applique à une série de secteurs ou professions qui n’étaient pas jusqu’alors considérés comme relevant d’un possible télétravail structurel.

Ce changement fait le plus souvent peser le coût financier direct sur les travailleurs (achat ou non d’un équipement adéquat entraînant des possibles implications en termes de santé et sécurité) et indirecte comme l’espace de travail (des études indiquent que la moitié des personnes travaillent dans leur chambre ou dans leur cuisine). En parallèle les entreprises peuvent réduire les coûts de location de leurs bureaux ou agences (particulièrement visibles par exemple dans le secteur bancaire).

Dans cette première phase, c’est l’ampleur des options qui est élargie comme le montre le tableau révisé de Blinder.

Blinder

Dans ce contexte un premier arbitrage pourrait être celui du choix entre salarié ou indépendant (contrat de service, sous-traitant, freelance) comme c’est déjà le cas, en tout cas pour les entreprises GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) du Big Tech. Par exemple, Google a désormais plus de sous-traitants indépendants que de salariés. Le développement du travail par projet pourrait faciliter cette évolution puisque par définition les équipes sont changeantes en fonction du projet et pourraient facilement intégrer salariés de la compagnie et les autres collaborateurs sous différents statuts.

La deuxième étape est celle du travail non plus depuis le lieu habituel du siège de la société mais d’où préfère le travailleur depuis le territoire national ou européen. Dans ce cadre-là, le salarié n’est plus mobilisable in situ pour des circonstances exceptionnelles, ce qui implique que le travail doit être mieux planifié. Un article du Monde indiquait qu’une entreprise payait les voyages et hôtels de ses salariés pour une rencontre mensuelle de quelques jours. Être à Nantes, Porto ou en Bulgarie n’importe plus.

Ici aussi les coûts d’adaptation sont laissés aux salariés mais ceux-ci peuvent éventuellement réduire leurs coûts étant dans un environnement moins cher (logement, coût de la vie en général). C’est ce que relève l’étude d’Upwork qui montre que les freelances sont en moyenne aux Etats-Unis dans des territoires aux coûts relativement moins chers que ceux de leurs donneurs d’ordre.

Dans ces conditions, pourquoi l’employeur ne déciderait-il pas d’avoir un collaborateur (salarié ou freelance) d’un pays dont le salaire et la sécurité sociale serait moindre ou alors différencier les salaires pour une même tâche selon la localisation réelle du travailleur.

La troisième scénario serait la délocalisation en dehors de l’Union européenne comme c’est déjà le cas pour une série de métiers (comptabilité, informatique, call centre, secrétariat, service après-vente, traductions, etc).


Support Progressive Ideas: Become a Social Europe Member!


Support independent publishing and progressive ideas by becoming a Social Europe member for less than 5 Euro per month. You can help us create more high-quality articles, podcasts and videos that challenge conventional thinking and foster a more informed and democratic society. Join us in our mission - your support makes all the difference!

Become a Social Europe Member

Si le système fonctionne pour l’UE pourquoi les autres ne seraient pas tenté de trouver des pays à la main-d’œuvre beaucoup moins chère mais bien formée. Pour les services aux clients où la variable temps reste importante on peut souligner que l’Afrique est dans les mêmes fuseaux horaires que l’UE et dispose de citoyens de mieux en mieux formés, parlant souvent différentes langues.

Il y a évidemment des limites dont celles des visas pour accéder au territoire européen en cas de de réunions en présentiel. Comme indiqué avant, l’impact sur les conditions de travail se fait aussi de manière indirecte lorsque la menace de délocalisation devient crédible et affecte donc les rapports de force locaux.

Pour conclure, le fait qu’il y ait eu une accélération des possibilités de télétravail dans une série de secteurs ou pour des professions qui n’attiraient pas jusqu’alors l’attention sur de telles possibilités est indéniable. Sur base de plusieurs scénarios en trois étapes pas nécessairement linéaires, ni les même selon les secteurs particuliers. Nous avons aussi souligné que l’impact serait peut-être moins en termes de pertes d’emploi de manière significative que d’un risque de détérioration plus générales des conditions de travail et salariales.

Philippe Pochet
Philippe Pochet

Philippe Pochet is general director of the European Trade Union Institute. He is author of À la recherche de l'Europe sociale (ETUI, 2019).

You are here: Home / Other language / La mondialisation, les télémigrants et les conditions de travail

Most Popular Posts

Belarus,Lithuania A tale of two countries: Belarus and LithuaniaThorvaldur Gylfason and Eduard Hochreiter
dissent,social critique,identity,politics,gender Delegitimising social critique and dissent on the leftEszter Kováts
retirement,Finland,ageing,pension,reform Late retirement: possible for many, not for allKati Kuitto
Credit Suisse,CS,UBS,regulation The failure of Credit Suisse—not just a one-offPeter Bofinger
Europe,transition,climate For a just and democratic climate transitionJulia Cagé, Lucas Chancel, Anne-Laure Delatte and 8 more

Most Recent Posts

Barcelona,feminist,feminism Barcelona: a feminist municipalism now at riskLaura Pérez Castaño
Spain,elections,Sánchez Is Spain on the right track?Bettina Luise Rürup
CBI,Confederation of British Industry,harassment Crisis at Britain’s CBI holds lessons for othersMarianna Fotaki
central and eastern Europe,CEE,renewable Central and eastern Europe: a renewable-energy win-winPaweł Czyżak
Cape Town,inequality Tackling inequality in the city—Cape TownWarren Smit

Other Social Europe Publications

Bildschirmfoto 2023 05 08 um 21.36.25 scaled 1 RE No. 13: Failed Market Approaches to Long-Term Care
front cover Towards a social-democratic century?
Cover e1655225066994 National recovery and resilience plans
Untitled design The transatlantic relationship
Women Corona e1631700896969 500 Women and the coronavirus crisis

ETUI advertisement

The four transitions and the missing one

Europe is at a crossroads, painfully navigating four transitions (green, digital, economic and geopolitical) at once but missing the transformative and ambitious social transition it needs. In other words, if the EU is to withstand the storm, we do not have the luxury of abstaining from reflecting on its social foundations, of which intermittent democratic discontent is only one expression. It is against this background that the ETUI/ETUC publishes its annual flagship publication Benchmarking Working Europe 2023, with the support of more than 70 graphs and a special contribution from two guest editors, Professors Kalypso Nikolaidïs and Albena Azmanova.


DOWNLOAD HERE

Eurofound advertisement

Unaffordable and inadequate housing in Europe

Unaffordable housing is a matter of great concern in the European Union. It leads to homelessness, housing insecurity, financial strain and inadequate housing. It also prevents young people from leaving their family home. These problems affect people’s health and wellbeing, embody unequal living conditions and opportunities, and result in healthcare costs, reduced productivity and environmental damage.

This new report maps housing problems in the EU and the policies that address them, drawing on Eurofound’s Living, working and Covid-19 e-survey, EU Statistics on Income and Living Conditions and input from the Network of Eurofound Correspondents.


DOWNLOAD HERE

Foundation for European Progressive Studies Advertisement

The spring issue of the Progressive Post magazine from FEPS is out!

The Special Coverage of this new edition is dedicated to Feminist Foreign Policy, to try to gauge its potential but also the risk that it could be perceived as another attempt by the west to impose its vision on the global south.

In this issue, we also look at the human cost of the war in Ukraine, analyse the increasing connection between the centre right and the far right, and explore the difficulties, particularly for women, of finding a good work-life balance and living good working lives.


DOWNLOAD HERE

Hans Böckler Stiftung Advertisement

The macroeconomic effects of re-applying the EU fiscal rules

Against the background of the European Commission's reform plans for the Stability and Growth Pact (SGP), this policy brief uses the macroeconometric multi-country model NiGEM to simulate the macroeconomic implications of the most relevant reform options from 2024 onwards. Next to a return to the existing and unreformed rules, the most prominent options include an expenditure rule linked to a debt anchor.

Our results for the euro area and its four biggest economies—France, Italy, Germany and Spain—indicate that returning to the rules of the SGP would lead to severe cuts in public spending, particularly if the SGP rules were interpreted as in the past. A more flexible interpretation would only somewhat ease the fiscal-adjustment burden. An expenditure rule along the lines of the European Fiscal Board would, however, not necessarily alleviate that burden in and of itself.

Our simulations show great care must be taken to specify the expenditure rule, such that fiscal consolidation is achieved in a growth-friendly way. Raising the debt ceiling to 90 per cent of gross domestic product and applying less demanding fiscal adjustments, as proposed by the IMK, would go a long way.


DOWNLOAD HERE

About Social Europe

Our Mission

Article Submission

Membership

Advertisements

Legal Disclosure

Privacy Policy

Copyright

Social Europe ISSN 2628-7641

Social Europe Archives

Search Social Europe

Themes Archive

Politics Archive

Economy Archive

Society Archive

Ecology Archive

Follow us

RSS Feed

Follow us on Facebook

Follow us on Twitter

Follow us on LinkedIn

Follow us on YouTube